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Les voyages et l’héritage de Colomb
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Quand la Reconquista pour expulser les Maures de l’Espagne se solda avec la capitulation de la ville de Grenade en 1492, les monarques espagnols, Isabelle et Ferdinand, financèrent le voyage de l’Italien Christophe Colomb aux Caraïbes. À cause de la guerre pour regagner l’Espagne des mains de ses conquérants musulmans, qui dura des siècles, les coffres espagnols étaient vides ; les hommes qui gagnaient leur vie auparavant comme soldat, n’avaient alors rien à faire et les prêtres, les moines et les religieux n’avaient plus d’infidèles à convertir après la victoire. Les objectifs de ce voyage furent divers. En outre, les routes commerciales vers l’Orient par lesquelles les Européens achetaient le parfum, les épices et l’or étaient contrôlées par les musulmans et très chères, puisqu’elles étaient fortement taxées. Il n’était donc pas étonnant qu’Isabelle et Ferdinand furent intrigués par la proposition de Colomb, de visiter et de faire des échanges avec l’Orient en passant par l’ouest. Si cela marchait, l’Espagne aurait une source sûre de richesses et la mainmise sur ce commerce, tout en contournant les intermédiaires musulmans. En souscrivant au point de vue que la terre était ronde, Colomb croyait qu’en allant ver l’ouest, il pourrait faire directement des échanges avec l’Orient. Les Espagnols ne cherchaient pas seulement de nouvelles sources de richesses, mais ils étaient également en quête de nouveaux peuples à convertir et de nouvelles conquêtes pour engager leurs hommes de lutte, appelés conquistadors.
Pour tout cela, les voyageurs européens comme Colomb bénéficiaient de la Renaissance et de la Révolution maritime, qui ont fait progresser les connaissances de la géographie mondiale et de la navigation. Les Portugais étaient considérés comme les pionniers de l’Atlantique, pour avoir joué un rôle moteur dans l’amélioration de la technologie maritime et dans celle de la connaissance des vents, courants, océans et éléments astronomiques. Le prince Henri le Navigateur y a joué un rôle clé. La Révolution maritime fut l’ère de cartes plus avancées, qui, à leur tour, furent plus rapidement disséminées, grâce à l’invention de nouvelles presses d’imprimerie dès le milieu du quinzième siècle. Elle vit également naître l’astrolabe, une boussole plus moderne, le quadrant, et d’autres améliorations dans la construction navale. Une grande partie de ces inventions fut encouragée par Henri le Navigateur dans son école à Sagres. Les constructeurs conçurent la caravelle, qui nécessitait un équipage moins important et portait une cargaison plus importante, alors qu’elle avait des voiles triangulaires mobiles, plus facilement manœuvrables que les anciennes voiles carrées. Avec toutes ces nouveautés, les navires pouvaient partir pour des voyages plus longs sans être obligés de s’arrêter constamment dans les ports pour faire le plein. Armés d’objectifs bien définis et de la technologie nécessaire pour voyager et naviguer sur des longues distances, Colomb et son équipage à bord de la Pinta, la Niña et la Santa Maria partirent pour l’Atlantique et les Amériques en Septembre 1492, après avoir obtenu le soutien financier et la bénédiction des monarques et des commerçants espagnols.
Le 12 octobre 1492, peu après minuit, l’équipage de la Pinta, de la Niña et de la Santa Maria rencontrèrent l’île de Guanahani (rebaptisée San Salvador par Colomb) aux Bahamas, sur laquelle habitaient les Lucayens, une branche du peuple Taino. Le lendemain matin, Colomb et ses camarades marins se rendirent compte qu’il ne s’agissait pas d’une île aux épices. Néanmoins, il fallait se contenter des indigènes trouvés sur place, qui, selon eux, pourraient être convertis au christianisme, ce qui ferait plaisir à la monarchie espagnole. Croyant qu’il se trouvait à l’Orient, Colomb prit à bord plusieurs Lucayens afin qu’ils lui montrent la voie vers les Îles aux épices. Après avoir quitté San Salvador, Colomb fut dirigé vers Hispaniola, où, avec ses hommes il passa plusieurs mois à chercher de l’or. Il fonda la première colonie espagnole des Amériques, quand il laissa plus de trente hommes derrière lui à la Navidad, mettant fin à son premier voyage et rentrant en Espagne à bord de la Niña et de la Pinta. Avant de débarquer dans l’île d’Hispaniola, Colomb s’arrêta à Cuba. Le résultat de ce premier voyage fut largement médiocre et il échoua certainement à générer les profits attendus par les investisseurs. Sa cargaison consista en quelques Tainos, quelques pépites d’or, des hamacs, du coton, des perroquets, un alligator et des feuilles de tabac.
Malgré son succès limité, Colomb fut convaincu et il réussit à convaincre beaucoup d’autres qu’il avait découvert l’Orient. La monarchie espagnole appuya la création de colonies et, donc, Colomb obtint la permission de retourner aux « Indes » en Septembre 1493, avec presque vingt bateaux, transportant plus de mille hommes, y compris des agriculteurs, des maçons, des charpentiers et des cartographes, pour fonder une colonie. Au cours de ce voyage, il continua son exploration d’Hispaniola et passa par les Petites Antilles, continuant vers les Grandes Antilles, arrivant à Porto Rico, puis Cuba et enfin à la Jamaïque. Cette même année, il découvrit les ruines et les corps des quelques colons laissés derrière lui lors de son premier voyage. Par mesure de représailles, il imposa un système strict de tribut aux Tainos. Malgré le fait qu’il avait perdu la faveur de la reine, il partit sur son troisième voyage vers le Nouveau Monde en mai 1498. Au cours de ce voyage, il visita les îles de Trinité et d’Hispaniola, où il reprit ses fonctions de gouverneur. Sa performance était si faible, qu’en 1500 il fut arrêté et renvoyé en Espagne par Francisco de Bobadilla, qui était autorisé à agir au nom de la reine. En 1502, Colomb se réconcilia avec la reine Isabelle et quitta Cadix pour retourner aux Caraïbes. Bien qu’il voulût éviter Hispaniola, il y débarqua et fut renvoyé. Sur ce, il fit route pour l’Amérique centrale, où il explora le littoral. Son dernier arrêt pendant ce voyage fut la Jamaïque, où, avec ce qui restait de son équipage, il fut bloqué un an, quand ses navires, en mauvais état, coulèrent près de la baie de Ste Ann. Le 29 juin 1504, Colomb reçut de l’aide du gouverneur d’Hispaniola et au mois de novembre, il rentra en Espagne. Il mourut en 1506, croyant toujours qu’il avait découvert l’Orient.
Aujourd’hui, on associe moins Colomb à la « découverte » des Amériques qu’au lien qu’il a établi entre l’Ancien et le Nouveau Monde, dans une relation inégalitaire et d’exploitation… une relation dans laquelle une partie allait dominer l’autre en termes politiques, culturels et économiques. Cela entraîna l’extermination de peuples indigènes, qui furent exposés à des maladies telles que la variole, l’influenza et la rougeole. Abusés et surmenés par les colons espagnols, beaucoup d’indigènes résistèrent et beaucoup moururent. L’héritage de Colomb fut également l’échange entre l’Ancien et le Nouveau Monde, appelé l’Échange colombien. Cet échange comprenait l’introduction d’espèces animales (chevaux, porcs et bétail) et végétales (blé, sucre et raisins) aux Amériques, tandis que des produits comme la pomme de terre et le tabac devinrent populaires en Europe au fil du temps. Le rencontre entre les Amériques et l’Europe signifia que les deux régions ne seraient plus jamais comme avant.
Catégorie : Vagues de colonisation
Pour citer l'article : Plummer, N. (2013). "Les voyages et l’héritage de Colomb " in Cruse & Rhiney (Eds.), Caribbean Atlas, http://www.caribbean-atlas.com/fr/thematiques/vagues-de-colonisation-et-de-controle-de-la-caraibe/vagues-de-colonisation/les-voyages-et-l-heritage-de-colomb.html.
Références
Beckles, H. et Shepherd, V. (Eds.), (2000) ; Caribbean Slavery in the Atlantic World ; Kingston: Ian Randle Publishers
Beckles, H. et Shepherd, V. (2004) ; Liberties Lost: Caribbean Indigenous Societies and Slave Systems ; Cambridge: Cambridge University Press
Jemmott, J. (2010) ; “Spanish settlements in the Caribbean and mainland conquest in Mexico and Peru up to 1550” dans J. Jemmott, A. Josephs et K. Monteith (Eds.) ; The Caribbean, the Atlantic World and Global Transformation: Lectures in Caribbean Advanced Proficiency Examinations in History (pp 21-40) ; Mona: Projet d’histoire sociale, Département d’histoire et d’archéologie
Sued-Badillo, J. (Ed.) ; (2003).UNESCO General History of the Caribbean, Volume 1: Autochthonous Societies ; London: Palgrave MacMillan